ÉLOGE DU SILENCE

Instagram m’a fait un remarquer récemment que je n’avais rien publié depuis un certain temps. Je suis consciente de l’avidité des algorithmes qui nous poussent à toujours plus poster pour être « visibles ».

Mais où est notre libre arbitre, quand nos publications doivent être pertinentes, accrocheuses, formatées, régulières, voire omniprésentes et que la course engagée sur les réseaux ressemble à certains épisodes de la série géniale de « Black Mirror » ?

Interrompre nos publications un instant ? Impensable car cela signifie tomber dans le néant, celui qui engloutit tout comme dans « L’histoire sans fin ».

Adopter un rythme de croisière, celui qui permet de choisir ce que l’on a à dire, de peaufiner ses photos, ses présentations, ce n’est pas envisageable car là encore, ce temps pris est trop long, pas assez productif… Les algorithmes nous font tomber dans l’oubli dès que nous dérogeons aux règles du toujours plus, toujours plus vite.

Alors que faire ? Résister encore et toujours aux injonctions, au risque de n’être qu’une petite goutte dans un océan de « vu » et de « like »?

Finalement, n’est-ce pas ce que nous sommes, d’infimes particules dans un univers toujours en mouvement ?

Tellement insignifiants qu’une semaine sans post nous condamne à l’effacement ?

Le dire ainsi est étrange et perturbant.

Si le « trop » et le « pas assez » sont les recettes efficaces du malheur d’après Paul Watzlawick, alors nous savons ce qui nous attend.

Au fond, quels sont nos besoins ? Cette reconnaissance affamée qui nous fait espérer cette visibilité qui ne nous nourrit qu’un instant et crée un plus grand vide toujours plus difficile à combler ? Le paradoxe du « plus » qui engendre du « moins »?

J’ai choisi le silence un instant. Je n’ai prévenu personne car je n’ai pas pu. Je n’ai pas contrôlé, je n’ai pas maîtrisé. Il est arrivé, m’a surpris et je m’y suis abandonnée.

Avec difficulté au départ : la culpabilité de ne pas avertir mes abonnés, la crainte de les perdre, le malaise d’une procrastination culpabilisante, la petite voix dans la tête qui commande et reproche…

Et puis j’ai dormi, j’ai mangé, je me suis promenée, j’ai ri, j’ai aussi pleuré, je me suis énervée ou émerveillée et je me suis reconnectée. Je n’avais pas réalisé à quel point j’étais fatiguée.

Pas de grands mots comme « charge mentale », juste l’oubli que le silence fait partie de la vie, qu’il est présent autour de nous et demande à exister en nous. Qu’il fait du bien.

Il y a le silence qu’on nous impose, celui qu’on subit, celui que l’on choisit, celui que l’on redoute, celui qui nous remplit et nous change…

J’ai accueilli ce silence après l’avoir repoussé. Et j’ai arrêté de m’en vouloir, j’ai arrêté d’essayer de le combler, je l’ai laissé s’installer et je me suis reposée.

Tout simplement.

Je n’ai oublié personne, je m’étais juste oubliée moi-même.

Et maintenant, pour reprendre les mots du « grand » Maître Shifu, je me sens « a-pai-sée ».

écrit par Nathalie Alvarez

21 août 2025

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L’autrice : Nathalie Alvarez

J’ai une passion pour l’écriture qui m’accompagne depuis toujours, nourrie par ma curiosité, mes rencontres, mes lectures et mon insatiable envie de raconter des histoires.
Mon credo : Écrire est un acte solitaire qui prend tout son sens quand il est partagé (Meurtre en Mairie)

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